Les Lundis au soleil

Fernando León de Aranoa a déjà une brillante carrière de scénariste lorsqu’il passe à la réalisation. Deux longs métrages et un documentaire verront le jour avant l’immense succès public des Lundis au soleil, multirécompensé lors des Goyas, supplantant ainsi Parle avec elle de Pedro Almodóvar.

Le cinéaste voulait faire le portrait de personnes « qui portent en eux un grand nombre de problèmes conséquents aux politiques sociales de ce pays ». Pour écrire son scénario, il s'est nourri des échanges avec les associations de chômeurs et les travailleurs licenciés du chantier naval de Gijón. Il a filmé ensuite, avec l’humour du désespoir, le courage d’un groupe. Car l'appartenance de ses personnages à ce groupe social est leur identité, leur force, leur bouée. Ce film de combat est une révolte contre l’individualisme

Les Lundis au soleil est un film humain et engagé, qui s’apparente à la vision sociale de Ken Loach. Il scrute un quotidien pénible, dont les multiples anecdotes offrent au film un tissu réaliste qui échappe à tout misérabilisme.

Figure forte, aux larges épaules, le Santa de Javier Bardem a quelque chose des héros révoltés du cinéma italien des années 1970. Alors qu’il a brisé un lampadaire lors d’une manifestation, il refuse de payer l'amende. Longtemps. Puis paie, avant de retourner briser le lampadaire. Santa refuse de perdre sa dignité.

« On sait depuis un certain temps que Javier Bardem est l’un des plus grands acteurs de notre temps […]. Santa est une autre création magnifique, d’une lucidité douloureuse, qui ne masque rien d’un personnage héroïque et ridicule, rebelle et monstre d’égotisme, prêt à se fâcher avec ses amis au fil de sa poursuite effrénée des quelques plaisirs que la vie d’après le travail lui permet encore. Comme à son habitude, Bardem joue un peu plus grand que nature. Tout l’art de Fernando León de Aranoa est d’organiser le groupe central autour de cette figure de cinéma. » (Thomas Sotinel, Le Monde, 12 mars 2003)