« C’est une personnalité électrique, et j’aime son honnêteté absolue. Ce qui me fit penser que le rôle de Norah lui convenait, c’était sa conviction dans les problèmes des femmes, ainsi que son passé – je veux parler de Vadim, de Barbarella et même des aspects Henry Fonda. » (Joseph Losey, in Kazan, Losey, Michel Ciment, Stock). Joseph Losey avait plusieurs projets en cours lorsqu’il décida de confier le rôle de Norah, dans Maison de poupée, à Jane Fonda, tant les liens entre le personnage et l’actrice lui apparaissaient évidents.
En adaptant la pièce du dramaturge norvégien Henrik Ibsen, Losey s’attaque au thème contemporain de la libération de la femme. La pièce écrite en 1879 suscita à l'époque la controverse, la chute, novatrice, étant alors jugée particulièrement scandaleuse. La pièce fut pourtant représentée partout en Europe, bien que parfois amputée de son finale.
Dans une société dominée par les hommes, Norah est une poupée, une marionnette aux mains de son père, puis de son époux. D’abord "fille de", elle devient "épouse de". Elle est heureuse, aimante, elle est ce que l’on attend d’elle. Toujours en mouvement mais pourtant immobile, jusqu’au moment où elle décide de tout quitter pour se découvrir elle-même.
Le tournage fut compliqué, Jane Fonda et Delphine Seyrig, toutes deux militantes féministes, n’étant pas pleinement d’accord avec le scénario. Malgré tout, Losey réussit à rendre compte d’un contexte historique et social, transposant avec justesse un XIXe siècle austère et glacial. Il joua avec les couleurs et les lumières, faisant de son film une véritable toile de maître.
« D’une pièce difficile, Losey a fait un film admirable. D’un récit passablement ennuyeux, il a composé une sorte de symphonie d’images passionnées et passionnantes. Le miracle de la caméra, la maîtrise de la direction d’acteurs, interviennent. C’est un film sans faille, sans faute, sans faiblesse. Par ailleurs, c’est un hymne à la femme libre, plus exactement à la femme qui sait se libérer des carcans millénaires. Nulle actrice ne pouvait mieux incarner Norah que Jane Fonda. » (Samuel Lachize, L’Humanité-Dimanche, 13 février 1973)
Maison de poupée (A Doll's House)
Royaume-Uni, France, 1973, 1h46, couleurs (Eastmancolor), format 1.66
Réalisation : Joseph Losey
Scénario : David Mercer, d’après la pièce éponyme d’Henrik Ibsen
Photo : Gerry Fisher
Musique : Michel Legrand
Montage : Reginald Beck
Direction artistique : Eileen Diss
Costumes : John Furniss, Edith Head
Production : Joseph Losey, World Film Services, Les Films de La Boétie
Interprètes : Jane Fonda (Norah), Edward Fox (Krogstad), Trevor Howard (le docteur Rank), Delphine Seyrig (Kristine Linde), David Warner (Torvald), Pierre Oudrey (Olssen), Anna Wing (Anne-Marie), Feda Krogh (la servante)
Sortie en France : 17 mai 1973
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