On s’fait la valise, docteur ?

Son précédent film, La Dernière Séance, se référait très explicitement au cinéma américain des années 1950. Cette nostalgie d’un certain cinéma, Peter Bogdanovich l’exprime ici dans un tout autre registre. Grand cinéphile, le cinéaste, après une brillante carrière de critique, signe avec On s’fait la valise, docteur ? sa cinquième réalisation et rend hommage cette fois à la comédie américaine des années 1940, en même temps qu’à l’âge d’or du burlesque.

Autrefois, Hollywood proposait des comédies loufoques, les screwball comedies, tel L’Impossible Monsieur Bébé d’Howard Hawks, avec le tandem Cary Grant / Katharine Hepburn. Le film de Bogdanovich, qui a pour thème le ridicule, réunit Barbra Streisand et Ryan O'Neal pour un duo burlesque. Et s’il rend hommage à un cinéma du passé, il ancre son récit dans le présent, celui des années 1970. « Le film est situé de nos jours, sans pour autant faire référence à Nixon, au Viêt-nam, etc. Car c’est avant tout un hommage au cinéma américain avec des poursuites à la Keaton, des ouvertures et des fermetures de portes à la Ernst Lubitsch. » (Peter Bogdanovich)

Truffé de clins d’œil cinéphiliques, des poursuites à la Mack Sennett en passant par des citations de Love Story d’Arthur Hiller et de Bugs Bunny - le célèbre lapin à la carotte qui donne au film son titre -, What’s Up, Doc ? n’hésite pas à parodier des films contemporains, comme Bullitt de Peter Yates et sa course poursuite anthologique, qu’il détourne de façon totalement loufoque.

 « C’est un cinéma hors du temps, hors des problèmes politiques, hors des complexes freudiens. Reste la mécanique du rire, une mécanique qui jongle avec l’absurdité et n’accepte la poésie qu’au stade de la démence. Les hommages à Hawks et Keaton se révèlent d’une totale efficacité : le rire éclate, passionné et riche. » (Guy Allombert, La Revue du cinéma n°266, décembre 1972)