Persona représente la rencontre pour Ingmar Bergman de sa future compagne Liv Ullmann. Frappé par sa ressemblance avec Bibi Andersson, une de ses actrices habituelles, il imagine un poème en images sur le thème du dédoublement, dans l’esprit de la formule de Rimbaud « Je est un autre ». La poésie étant pour lui liée à la musique, il définit son film comme une sonate pour deux instruments.
« Ce n’est pas à proprement parler un scénario que j’ai écrit. C’est plutôt une partition, que j’espère orchestrer au cours du tournage. Le sujet que j’ai choisi est immense. C’est pourquoi j’invite les spectateurs à faire appel à leur imagination pour assimiler la matière que je mets à leur disposition. » (Ingmar Bergman)
Tel un compositeur, Bergman rêve d'insérer son œuvre dans une suite cohérente ; ainsi, Persona avait été initialement pensé comme le « Cinématographe n°27 ». Pour Michel Ciment, « Ici, chaque film est l’écho d’un autre et ne se comprend que comme partie d’un ensemble » (Positif, n°88, octobre 1967)
Il opte pour Persona, un mot latin qui désignait le masque sous lequel, dans l’antiquité, les acteurs dissimulaient leur visage. Un visage ici redoublé, entre Liv Ullmann et Bibi Andersson, entre le mutisme de l’une et le bavardage de l’autre, l'enfermement ou le dévoilement. Il reprend l’idée de Jung, selon lequel il existe un conflit inhérent à l’homme, pris entre son masque social, la persona, et son âme, l’alma.
Bergman offre à Liv Ullmann la possibilité de s’exprimer entièrement sans l’usage de la parole. « Pour la première fois, je rencontrais un metteur en scène qui me laissait dévoiler des sentiments et des pensées que personne encore n’avait voulu reconnaître. Un metteur en scène qui écoutait patiemment, l’index pointé sur la tempe, et qui comprenait tout ce que j’essayais d’exprimer. Un génie qui savait créer une atmosphère dans laquelle tout pouvait arriver – et même ce que j’avais ignoré sur moi-même » (Liv Ullmann, Devenir, Stock)
Persona
Suède, 1966, 1h23, noir et blanc, format 1.37
Réalisation & scénario : Ingmar Bergman
Photo : Sven Nykvist
Musique : Lars Johan Werle ; Jean-Sébastien Bach
Montage : Ulla Ryghe
Décors : Bibi Lindström
Costumes : Mago
Production : Ingmar Bergman, Svensk Filmindustri
Interprètes : Bibi Andersson (Alma), Liv Ullmann (Elizabeth Vogler), Gunnar Björnstrand (Monsieur Vogler), Margaretha Krook (le médecin), Jörgen Lindström (le fils d'Elizabeth)
Sortie en Suède : 18 octobre 1966
Sortie en France : 21 décembre 1966
Restauration par Svensk Filmindustri et Studiocanal.
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