En 1966, Jean-Louis Bertuccelli, découvre le village de Chebika, habité par une trentaine de familles, en Tunisie, aux confins du Sahara, entre montagne et désert. Subjugué par le lieu, il lit Chebika, l’enquête que l’écrivain et anthropologue Jean Duvignaud a effectuée à la fin du régime colonial français, entre 1960 et 1965.
Jean-Louis Bertuccelli décide alors, pour son premier long métrage, d’adapter une partie du livre. Ne se référant qu’à des faits réels, il focalise sur l’histoire de Rima, une jeune fille qui voulait sortir de son monde, ainsi que sur l’intervention de l’armée contre des grévistes. Dans l’obligation de tourner en Algérie, où il est entièrement libre, Bertuccelli choisit un village d’une grande ressemblance, à la frontière algéro-tunisienne. Cette reconstitution permet finalement au village originel de ne pas avoir à rejouer son histoire.
Sans dialogues, le film est porté par les chants berbères de Taos Amrouche et la caméra, totalement intégrée au quotidien des habitants, refuse toute théâtralité. La photographie évite soigneusement le folklore et ne recourt jamais à la lumière artificielle. Les seuls comédiens professionnels seront Leila Shenna dans le rôle de la jeune fille et Jean-Louis Trintignant.
L’histoire est celle d’un double refus, celui d’une jeune femme et celui d’un village tout entier. Jean-Louis Bertuccelli souhaite montrer la réalité sud-maghrébine dix ans après l’indépendance. « Le "cinéma vérité" est un mythe, mieux vaut interpréter la réalité, la recréer, en utilisant la vérité dans l’approche dramatique que l’on a adoptée et non dans la technique, obtenir une vérité sociale et politique globale, large et non une suite de faits vrais. J’ai donc essayé de faire fusionner le film à scénario, le reportage, le documentaire reconstitué et l’enquête sociologique. » (Jean-Louis Bertuccelli)
Remparts d’argile
France, Algérie, 1970, 1h27, couleurs (Eastmancolor), format 1.66
Réalisation : Jean-Louis Bertuccelli
Scénario : Jean-Louis Bertuccelli, d’après l’ouvrage Chebika de Jean Duvignaud
Photo : Andreas Winding
Musique : Taos Amrouche
Montage : François Ceppi
Production : Jean-Louis Bertuccelli, Mohammed Lakhdar-Hamina, Office des Actualités Algériennes, Uccelli Production
Interprètes : Leila Shenna (la jeune fille), Jean-Louis Trintignant (l’entrepreneur)
Présentation au Festival de Cannes : mai 1970
Sortie en France : 11 novembre 1970
A sa sortie le film était interdit aux moins de 12 ans
Restauration 4K par le laboratoire Hiventy avec l’aide sélective à la restauration et à la numérisation d’oeuvres cinématographiques du patrimoine du CNC, supervisée par la fille du réalisateur, Julie Bertuccelli.
En présence de Julie Bertuccelli
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