Dernier long métrage d’Ingmar Bergman, Saraband achève une œuvre entreprise dans les années 1940 et comptant plus d’une soixantaine de films. Partagé entre le théâtre, le cinéma et la télévision, Bergman signe avec Saraband un film une fois encore à la lisière des genres. Réalisé entièrement en vidéo numérique haute définition, le film est initialement destiné à la télévision. Il connaît par la suite – pour la première fois au monde – une sortie exclusivement en numérique, dans les salles pouvant techniquement l’accueillir.
Prolongement de Scènes de la vie conjugale (1974), qui s'achevait sur une scène où les époux divorcés, Marianne (Liv Ullmann) et Johan (Erland Josephson), finalement s'enlaçaient, Saraband réunit de nouveau le couple, dans un constat terriblement lucide sur les liens familiaux. Il n’est pas étonnant que, pour son ultime long métrage, Bergman ait repris Liv Ullmann, à qui il a déjà confié deux scénarios autobiographiques. « Je ne voulais plus être actrice. J’avais d’ailleurs arrêté de jouer pendant douze ans, je réalisais des films à la place. Ingmar, en fait, m’a invitée à renouer avec mon ancienne profession. Une fois encore, Scènes de la vie conjugale me rappelle qui je suis. » (Liv Ullmann).
Tout est présent dans Saraband, du talent de Bergman pour la composition visuelle à ses obsessions, comme la solitude de l’homme, l’éclatement de la cellule familiale – et toute son esthétique de la violence. « J’ai écrit ce film en trois mois, je l’ai tourné en quatre… Mais il m’a fallu une vie entière d’expérience. » (Ingmar Bergman) Saraband est considéré par Bergman comme « une pièce de chambre, avec quatre acteurs, sans décors, juste deux chaises ».
Comme dans la majeure partie de son œuvre, Bergman imprime une composition musicale à son film, de façon évidente ici, le titre faisant allusion au mouvement d’une suite de Bach. Et de manière plus dissimulée, comme le souligne Yann Tobin (Positif n°527, janvier 2005) : le film est construit en douze chapitres - un prologue, un épilogue et dix scènes - qui rappellent la structure de la musique dodécaphonique ; l’une des lois de cette musique impose qu’on ne doive pas entendre un son tant que les onze autres n’ont pas été entendus. Au commencement du tournage, Bergman annonce à son équipe : « Ce que nous allons faire ensemble peut vous paraître simple. Un prologue, dix dialogues, un épilogue, rien d’autre. Mais il convient que vous sachiez que ce sera extrêmement difficile. Cette réalisation est la toute dernière pour moi, je vais tout exiger de votre part et de la mienne. Je serai sans pitié. »
De compositeur à chef d’orchestre, Bergman, qui n’a cessé de répéter, vers la fin de sa carrière, que chaque film serait le dernier, signe ici son ultime chef-d’œuvre.
Saraband
Suède, 2003, 1h47, couleurs, format 1.78
Réalisation & scénario : Ingmar Bergman
Photo : Stefan Eriksson, Jesper Holmström, Per-Olof Lantto, Sofi Stridh, Raymond Wemmenlöv
Musique : Jean-Sébastien Bach
Montage : Sylvia Ingemarsson
Décors : Göran Wassberg
Costumes : Inger Pehrsson
Production : Pia Ehrnvall, SVT Fiktion, Danmarks Radio, Norsk Rikskringkasting, RAI Radiotelevisione Italiana, Yleisradio, Zweites Deutsches Fernsehen, ZDF Enterprises, Network Movie Film-und Fernsehproduktion, Nordiska TV-Samarbetsfonden, Österreichischer Rundfunk, Nordisk Film- & TV-Fond
Interprètes : Liv Ullmann (Marianne), Erland Josephson (Johan), Börje Ahlstedt (Henrik), Julia Dufvenius (Karin), Gunnel Fred (Marta)
Sortie en Suède : 1er décembre 2003
Sortie en France : 14 décembre 2004
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