Un beau soleil intérieur

« L’amoureux ne cesse de courir dans sa tête, d’entreprendre de nouvelles démarches et d’intriguer contre lui-même. Son discours n’existe jamais que par bouffées de langage, qui lui viennent au gré de circonstances infimes, aléatoires. » (Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux, Seuil)

Pour ce film, Claire Denis accueille une nouvelle venue au sein de sa fidèle équipe, l’auteure Christine Angot, qui, pour la première fois, écrit pour le cinéma. À l’origine, elles devaient travailler à l’adaptation du roman de Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux. En l’abandonnant au profit d’une écriture sur leurs propres « agonies amoureuses », elles ne gardent du roman que « des fragments de moments. »

À ces agonies se substitue l’image d’Isabelle, une quinquagénaire à la recherche d’un amour vrai. Elle est interprétée par l’éblouissante Juliette Binoche, qui n’avait pu jouer dans le premier film de la réalisatrice, Chocolat. Si le film est nettement plus dialogué que la plupart des autres réalisations de Claire Denis, la photographie signée Agnès Godard ainsi que la musique ensorcelante de Stuart A. Staples nous ramènent à l’univers de la cinéaste.

Cette comédie sentimentale doit également beaucoup à sa distribution de choix, avec Juliette Binoche donc, mais aussi Philippe Katerine, Bruno Podalydès, Josiane Balasko et Gérard Depardieu. Il est le dernier à rencontrer Isabelle et « l’amène vers la joie, vers un beau soleil intérieur comme dit le titre, ou du moins comme lui le dit. Peut-être que le beau soleil intérieur, c’est juste sa présence. » (Claire Denis, Cahiers du cinéma n°733, mai 2017)

« Un beau soleil intérieur est une comédie sentimentale dépressive et discursive » qui se situerait « quelque part entre Woody Allen et Chantal Akerman » (Jacques Mandelbaum, cité par Franck Nouchi, Le Monde, 14 septembre 2017)